Benoît Magimel, au zénith de son talent

Interview

Benoît Magimel, au zénith de son talent

Débutant en enfant gouailleur dans « La vie est un long fleuve tranquille », son itinéraire s’est façonné suivant des rencontres marquantes, décidées selon un instinct très sûr. Il a reçu la Palme d’Or du Meilleur rôle masculin à Cannes en 2001 pour son rôle dans « La Pianiste » de Michael Haneke et le César du meilleur acteur dans un second rôle pour « Cloclo » en 2012. Naviguant avec aisance dans des univers aussi éloignés que la sombre série « Marseille » pour la télévision ou les lumineux films de copains de Guillaume Canet, son charisme lui permet de se fondre dans des personnages complexes, souvent tourmentés, toujours magnétiques.

Beside Sport - Benoît Magimel, au zénith de son talent - Chemise en popeline de coton blanche avec col chemisier, Figaret Paris Costume Classique noir en serge de laine ceinture 35 mm en cuir de veau finition argent poli, Dior Homme Montre Belza en acier à cadran noir, March LA.B -

Chemise en popeline de coton blanche avec col chemisier, Figaret Paris Costume Classique noir en serge de laine ceinture 35 mm en cuir de veau finition argent poli, Dior Homme Montre Belza en acier à cadran noir, March LA.B

Apollo Magazine l’a rencontré pour son dernier film, « Une fille facile », réalisé par Rebecca Zlotowski et présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier festival de Cannes. Il y partage l’affiche avec une débutante inattendue, Zahia Dehar.

Quand on s’appelle Benoit Magimel, est-ce que son parcours peut se teinter d’une pointe de magie ? 
B.M. La magie du cinéma, en effet, est qu’il est possible de venir de nulle part et de tracer son chemin. C’est sans doute lié à une bonne étoile… Je crois qu’il n’y a pas de hasard. Enfant, je n’ai jamais pensé devenir acteur professionnel. Mais j’ai toujours été intéressé par l’expression corporelle, j’ai notamment suivi des cours dans cette discipline.

Comment a démarré votre carrière, si jeune ? 
B.M. J’avais démarré des cours de théâtre à l’âge de 11 ans, et à la suite d’une première figuration dans un clip de musique, j’ai réalisé que j’aimais vraiment ce travail. J’ai ensuite directement passé le casting pour le film de Chatilliez. Démarrer ma carrière enfant, à 12 ans, a été à la fois une chance et un challenge. La réaction blasée d’un directeur de casting, à la suite de la projection de mon second film, à 14 ans, m’avait fait toucher du doigt l’importance de ne jamais se croire arrivé. C’est une leçon que je n’ai jamais oubliée.

Benoît Magimel, au zénith de son talent - T-shirt blanc en coton col ras du cou, Dior Homme Costume deux pièces en laine vierge, Boss - T-shirt blanc en coton col ras du cou, Dior Homme Costume deux pièces en laine vierge, Boss

Votre présence à l’écran est en effet souvent très physique, magnétique. Est-ce délibéré ? 
B.M. J’avais beaucoup regardé le parcours des acteurs que j’aimais, m’inspirant de leur attitude, de leur modèle. J’ai compris très tôt que le principal était de durer, ce qui est sans doute le plus difficile dans ce métier fluctuant.

Votre filmographie, avec des films forts, comme « La Pianiste » ou les Chabrol est-elle liée à des choix conscients ? 
B.M. J’ai eu la chance de démarrer très jeune et j’ai vite compris qu’il était majeur de bien s’entourer, d’excellents metteurs en scène, avant toute chose, ensuite de bons acteurs et des histoires passionnantes. Il y a une part d’instinct, la qualité d’écriture du scénario. Il faut aussi bien se connaître : savoir ce que l’on peut faire ou pas. Une fois que le succès arrive, il faut aussi savoir dire non aux propositions, même si on a été choisi. Le cinéma, c’est ma forme de liberté. C’est une course de fond, pas un sprint.

Avez-vous eu des regrets de ces refus ?
B.M. Pas vraiment. Pour moi, j’ai toujours considéré que l’on avait des « jokers » dans la vie. Aux alentours de 16 ans, on m’avait proposé de jouer « Tintin », je n’ai jamais regretté d’avoir refusé, car sinon j’aurais été « Tintin » pour toute la décennie suivante, et je n’avais pas envie d’être catalogué comme un éternel héros de bande dessinée.

Y-a-t-il des metteurs en scène avec lesquels vous avez préféré travailler ?
B.M. J’évite de répondre à cette question car chacun m’a permis de développer un univers particulier. Mais on peut remarquer que, par exemple, le point commun entre Claude Chabrol et Michael Haneke, c’est de cultiver un certain mystère, des situations floues et énigmatiques. J’ai toujours été très pudique, et j’ai parfois refusé certains films avec des metteurs en scène de renom. Cela a pu être mal compris. Mais j’avais à chaque fois des raisons instinctives fortes.

Comment sortez-vous de rôles déstabilisants, comme dans « La Pianiste » ?
B.M. Il y a bien sûr une mise en abîme avec son personnage, et cela peut être blessant : mais il y reste toujours le plaisir de jouer, qu’il faut savoir garder. Plus jeune, je disais toujours qu’on laissait quelques mois de sa vie. Avec le temps, je parviens à garder une distance.

Y-a-t-il des tournages qui vous ont marqué ?
B.M. En tant qu’acteur, je me suis toujours adapté à la façon de travailler des réalisateurs. J’aime travailler avec de grands acteurs, ça vous porte. Mon plaisir de cinéma est de faire entre 45 et 60 prises pour 6 ou 7 minutes. Je construis au fur et à mesure de ces prises, je sais que je peux toujours améliorer.

Benoît Magimel, au zénith de son talent -  -

Comment présenteriez-vous votre dernier film « Une fille facile » ?
B.M. Nous avons tourné dans la lumière solaire de la Côte d’Azur, ce film rohmérien m’a paru être une caresse, belle, douce, et à la fois parfois extrêmement violent : on y retrouve aussi les clichés, les idées reçues, le mépris social. J’aime ce film car on n’y juge rien. La jeune génération a la possibilité d’accéder à tout, sans a priori, et c’est sans doute une bonne chose.

Vos projets pour 2020 ?
B.M. Je vais retrouver Emmanuelle Bercot pour un nouveau projet. Je suis heureux de pouvoir la compter dans la famille de réalisateurs que je retrouve toujours avec un grand plaisir.

Que peut-on vous souhaiter ?
B.M. D’avoir une belle décennie de cinéma. J’ai l’âge qu’avait la plupart des acteurs que j’ai admirés. 45 ans, c’est le bel âge pour faire ce métier. C’est l’âge de tous les possibles.

Photographe : Matias Indjic
Styliste : Laure Benichou
Marques :
FIGARET PARIS : Chemise en popeline de coton blanche avec col chemisier
DIOR HOMME : Costume classique noir en serge de laine et ceinture 35mm en cuir de veau finition argent poli, t-shirt blanc en coton col ras du cou, costume classique bleu marine en serge de laine
MARCH LA.B : Montre Belza en acier à cadran noir
BOSS : Costume deux pièces en laine vierge, chemise col mao blanche en coton et lin
MAISON MONTAGUT : Pull

Article suivant

«
BS

Souhaitez vous recevoir des notifications ?

Non merci Oui
X

Vous etes actuellement hors ligne